
Historique
On sait que cette propriété (appelée tantôt « le Pavillon », « château du Pavillon », « les Pavillons », « château des Pavillons ») a appartenu successivement à la famille Encoignard puis, par mariage, à Nicolas Samson de Bretteville puis, toujours par mariage, à la famille Michel d'Annoville. Pendant cinq générations la propriété appartient ensuite à cette famille Michel d'Annoville. C'est Pierre Charles Léonor Michel d'Annoville, né à Hauteville le 1er septembre 1870, qui vendra la propriété à Madame Marie EUDE (acte du 7 décembre 1912).
De 1912 jusqu’à 1926, Xavier Eude et sa femme (née Marie Couraye du Parc) louent cette maison (notamment aux parents de Bernard Blier !). Etant officier, Mr EUDE participe forcément à la 1ère guerre mondiale. Ses affectations l’emmèneront ensuite en Pologne, en Corse,… Sa femme réside alors à Annoville avec sa mère et sa sœur au Manoir du Tôt, c’est là que l’on passe les vacances d’été. C’est à partir de 1928 que les Pavillons deviennent la maison de famille (on y réside essentiellement en été).
Quand arrive la seconde guerre mondiale, Xavier Eude est en mission au Brésil, sa femme quitte précipitamment Hauteville où elle était en vacances pour rejoindre Toulouse, résidence principale de la famille.
Restent aux Pavillons Mme Couraye du Parc (mon arrière-grand-mère paternelle), son gendre (Jean Goislard de Monsabert) et le plus jeune fils de ce dernier.
Comme la plupart des grandes maisons, les Pavillons sont plusieurs fois réquisitionnés par les allemands (seulement en 1940, plus de séjour d’allemands ensuite).
Voici le détail, noté par Mme Couraye du Parc dans son agenda de 1940 :
« 11 juillet : Première occupation des Pavillons par les Allemands dont 2 sous-officiers, 12 soldats, 27 chevaux, 8 chars. (…)
12 juillet : La chambre de Marie et celles des pavillons sont occupées par 2 sous-officiers, 5 soldats. Et depuis aujourd'hui 2 soldats occupent une chambre au deuxième étage. Que nous réserve demain ? Accablée par la fatigue et l'émotion de la journée d'hier, j'ai dû reprendre le lit.
13 juillet : Rude journée que celle d'aujourd'hui, il a fallu batailler avec les Allemands devenus de plus en plus exigeants. Le professeur d'agriculture seul est très agréable et bien élevé. Ils ont saccagé la bibliothèque, ils ont joué du piano et dansé. Triste journée ! !
14 juillet : Aujourd'hui journée calme. Ils sont tous partis à la mer. Je suis bien fatiguée de ma journée d'hier.
(…)
23 juillet : Départ des Allemands qui quittent les Pavillons aujourd'hui à 5:00 du matin. On respire à nouveau. On se sent chez soi ! Pour combien de temps ? Le jeune agronome a pris congé de nous hier soir. Toujours très correct, très poli, il a beaucoup remercié. Il avait l'air triste ainsi que les soldats, donc je conclus qu'ils vont en Angleterre plutôt qu'en Allemagne.
24 juillet : (…) Arrivée de nouveaux Allemands ce n'est plus 7 mais 17 boches qui logent dans la chambre de Marie et celle de ses enfants. Ils ont apporté matelas, traversins, et couvertures. Il y en a 5 dans la chambre de la remise, 15 chevaux sont dans les écuries. J'en arrive à regretter ceux qui sont partis. Heureusement que Guy et moi avions enlevé tout ce qui se trouvait dans les chambres, les placards, les tiroirs car quantité de choses ont disparu. Le jardin du Sud est envahi à nouveau par des espèces de chars antédiluviens bâchés. On a l'impression de ne plus être en France mais à l'étranger ; de fait et c'est vrai ! On n’est plus chez soi !
25 juillet : Tout est calme ce matin excepté moi, (…)
12 septembre : Départ des Allemands à 7 heures qui ont séjourné du 27 juillet au 12 septembre. Arrivée des Allemands à 11 heures. Il y en a 6 du train des équipages. 15 chevaux.
22 septembre : Quatrième occupation par les Allemands. Départ des Allemands vers midi, ils ont laissé la maison en très bon état de propreté et n'ont rien dérobé, ce qui n'a pas toujours été le cas. Nous en sommes arrivés à les regretter car qui allons-nous avoir pour les remplacer ? Arrivée des Allemands à 1 heure.
23 septembre : 8 hommes à loger, 15 chevaux, une voiture.
4 octobre : Départ des Allemands dans la matinée qui ont tout laissé en état de malpropreté. On ne les regrette pas. Cinquième occupation : retour de ceux arrivés le 12 septembre et partis le 22 septembre. Ce sont 6 hommes du train des équipages et 15 chevaux.
10 octobre : Départ des Allemands à 8 heures.
12 octobre : Un seul Allemand est resté jusqu'au 12, c'est-à-dire deux jours. Il a emporté la clé de la chambre de Cécile. »
Ce n’est qu’en juillet 1945 que la famille Eude peut de nouveau venir aux Pavillons durant l’été. Désormais, et jusqu’en 1965, les Pavillons redeviennent la résidence de vacances pour Xavier EUDE, sa femme, leurs enfants et très nombreux petits-enfants.
Après le décès de Xavier Eude en 1965, c’est son troisième fils (Xavier junior, mon père) qui hérite des Pavillons. Nous nous y installons et cette maison devient notre résidence principale en juin 1966.
Les bâtiments.
Il semblerait que les bâtiments actuels soient le résultat d'ajouts successifs de « pavillons ». La partie la plus ancienne est manifestement celle qui abrite l'actuelle salle à manger, c'est-à-dire l'extrémité Est. La tradition familiale (sans doute transmise par les Michel d'Annoville) veut qu’à l’origine il se soit agi d'un simple pavillon de chasse ( ??). En l'état actuel des choses, aucun document écrit ne peut l'attester.
Un inventaire de la maison, dressé en 1722 - 1723 à la mort de Nicolas Samson de Bretteville, donne quelques indications plus précises :
En bas, on trouve une cuisine et un aître à côté, un petit salon, un cellier.
À l'étage, trois chambres dont une avec un petit cabinet. Une chambre pour le domestique au-dessus du cellier
Sous les toits : des greniers, une chambre pour la servante.
Sont mentionnés aussi une charterie, et un grand escalier.
En 1734, au décès du fermier Jean Leloup, on dresse un inventaire des bâtiments de la ferme dépendant du « Pavillon ».
On y trouve : une salle et un office, une chambre au dessus de la salle et un grenier au-dessus, une maison servant de pressoir, une chambre au dessus, un grenier. Sont mentionnés aussi une maison à usage de cellier, une grange, une étable, un cuvier, une autre étable, une maison à usage de salle et battants de grange (?), une autre étable au bout...
Nous possédons aussi un relevé cadastral du XVIIIème siècle sur lequel apparaît très nettement la propriété. La maison présente à cette date sa taille et sa forme actuelles. Bien qu’aucune date n’apparaisse sur ce plan, on peut supposer qu’il a été établi avant 1789. L’agrandissement du Pavillon d’origine aurait donc eu lieu entre 1723 et 1780 ( ?) .
Sur ce plan on reconnaît fort bien aussi la pièce d'eau appelée aujourd'hui "la douve".
Les bâtiments de ferme apparaissent également, mais, leur organisation ne correspond pas exactement à celle d'aujourd'hui. C’est sans doute le premier d’Annoville (et sa femme Marie Anne Encoignard) qui aurait entrepris les travaux d’agrandissement.
A. EUDE
Sources :
Une note des archives de la Manche de janvier 1990.
L'ouvrage de Gabriel Lemesle, Le Passé d'une commune française, Hauteville-sur-mer, 1923
Mémoires de Jean Stanislas Xavier EUDE.








